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Vers un déclin du Nutri-Score en Suisse ?

En mai dernier, Migros, le plus grand distributeur alimentaire en Suisse, a pris la décision de supprimer le Nutri-Score de ses produits. Le groupe a justifié cette mesure par l'insuffisance des bénéfices perçus par rapport aux coûts élevés liés à l'affichage du label, selon un communiqué de presse publié par le distributeur. L’annonce a été faite dans le cadre d’une restructuration au sein de Migros Supermarché. “Trois ans après son introduction, le Nutri-Score reste encore trop peu connu et suscite souvent beaucoup d’interrogations. En revanche, intégrer ou adapter le Nutri-Score demande beaucoup d’effort de packaging”, a expliqué une porte-parole de Migros sans fournir plus de détails sur les coûts exacts.

Pour rappel, Migros avait introduit le Nutri-Score pour toutes ses marques propres en 2021.

Peu après, Emmi Caffé Latte, une autre entreprise suisse, a également annoncé la fin de l’utilisation du Nutri-Score sur ses produits. La raison ? Du fait de l'absence d'harmonisation au niveau européen, le label ne présente aucune plus-value pour les consommateurs, selon une porte-parole d’Emmi. Par ailleurs, Emmi Caffé Latte justifie également son choix par le fait que les producteurs de boissons lactées n’ayant pas adopté le Nutri-Score, il devient impossible de faire des comparaisons pertinentes. Emmi a donc décidé de ne plus apposer le logo sur ses nouveaux produits mais souhaite le maintenir sur les produits déjà étiquetés.

Ces décisions surviennent dans un climat de critiques croissantes envers le Nutri-Score au sein de l'industrie alimentaire suisse, notamment de la part du secteur fromager. L’organisation Switzerland Cheese Marketing, par exemple, reproche au système de pénaliser les fromages traditionnels suisses en raison de leur teneur en matières grasses et en sel. Désirée Stocker, porte-parole de l'organisation, considère que le Nutri-Score pourrait induire les consommateurs en erreur en ne tenant pas compte de la qualité nutritionnelle globale des produits naturels.

Ce mécontentement vis-à-vis du Nutri-Score dépasse les frontières suisses. L'Italie et le Portugal ont également exprimé des réserves, estimant que le label ne correspond pas toujours aux critères nationaux de santé. En Suisse, le débat a gagné le Parlement, qui a récemment voté une motion pour réévaluer l'utilisation du Nutri-Score dans la législation alimentaire.

Malgré ces critiques, le Nutri-Score conserve le soutien de certains acteurs majeurs de l'industrie alimentaire, tels que Nestlé, qui continue d'utiliser ce label en Suisse tout en exprimant sa volonté de voir le système évoluer en fonction des dernières recherches scientifiques.

De plus, l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) considère toujours le Nutri-Score comme un outil utile pour orienter les choix alimentaires des consommateurs, citant une étude qui montre que le label aide les consommateurs à faire des choix plus sains.

Contrairement à la France, la mise à jour de l’algorithme de calcul du Nutri-Score est effective en Suisse depuis le mois de janvier 2024, obligeant les entreprises à ajuster leurs emballages dans un délai deux ans. Pour des entreprises comme Migros, les coûts associés à ces changements ont été déterminants dans leur choix de se retirer du système.